Ma voix et moi, tout une histoire
J'ai rencontré ma voix. Enfin, elle s'est imposé à moi. Quelle aventure ! Je vous raconte ?
La voix n'a jamais été au premier plan de ma vie. Du plus loin que je me souvienne, je m'imagine être une enfant peu bavarde et d'une voix au volume modéré. Je dis « je m'imagine » car ce n'est qu'une impression que j'ai de moi. Je crois que j'avais opté pour la place « je ne vais pas en rajouter ». Se faire remarquer, peu pour moi. A l'époque d'ailleurs, la voix était le domaine dédié à ma sœur, c'était ce qu'elle aimait et je l'admirais. Je vivais ce rapport à la voix à travers son lien à la sienne.
Une voix qui s'impose
Bien plus tard, alors que je cheminais déjà professionnellement dans l'accompagnement, j'assistais à un stage organisé par l'association les Nouveaux Mondes, un stage de Ma Premo à Cassis. Nous étions une trentaine de participants, et alors que nous étions allongés pour une méditation, elle mit un mantra en sanscrit. Je tiens à préciser que je découvrais tout cela, les stages, la spiritualité, le chamanisme, les groupes etc... alors ce mantra, vous pensez bien... inconnu au bataillon. Pourtant, je sentis une vibration au niveau de mes pieds, elle remontait le long de mes jambes.
Et je me disais « non, Sylvie. Il y a trente inconnus autour de toi, et non, tu ne connais pas ce chant, tu ne vas pas chanter, non tu ne peux pas chanter ».

Ce que je ressentais alors dans mon corps et là où cela m'amenait étaient totalement inconcevable pour ma tête. C'était sans compter sur la force de ce qui me traversait. La vibration dans mon ventre vint mettre mes cellules en émoi, et dans une danse perceptible avec mon souffle, elle laissa s'exprimer cette voix que je ne pouvais reconnaître alors. Mes oreilles étaient les témoins de ce chant que je chantais à pleine voix, dans une tessiture proche de ce que j'entendais. Et je reconnais aujourd'hui que c'était bon, le mental ne pouvait qu'être le spectateur émerveillé de ce qui se passait. L'expérience s'arrêta là. Ce mantra m'a accompagnée pendant des mois peut-être même des années. Quand je le chantais ici ou là, car il s'invitait encore et encore, les gens pensaient que je parlais le sanscrit, que j'avais appris. Cela m'amuse de revenir sur tout cela, car au fond, c'est l'histoire de ma vie... la vie qui me convoque pour l'expérience concrète et m'enseigne.
Voilà la première étape de cette rencontre avec ma voix !
A cette époque encore, ma voix s'imposait à moi. C'était surtout le cas lors des séances d'accompagnement que je proposais. Difficile pour moi d'accueillir cette voie, moi à qui la confiance faisait défaut. J'ai laissé faire, oui c'est un élément phare de mon parcours « le laisser faire ». Et comme c'est souvent le cas, j'ai senti, alors que c'était déjà là, l'appel à participer à un stage sur la voix, outil de guérison : un stage de 8 jours à Bugarach avec des enseignements de technique vocale et du chant intuitif de guérison. Le travail sur la voix était bouleversant, l'impact de la voix était puissant. Et lors de la dernière journée, d'entendre Fabrice - dont je chante encore aujourd'hui les mantras en français qu'il a composés et pour ceux qui me suivent, vous les chanter aussi ! – dire « tout est là, tout est naturel et puissant, tu peux te lancer », et même si c'était déjà lancé, ses mots ont pu assurer mes pas sur ce chemin engagé. Vous remarquerez que je ne mentionne pas la personne qui proposait ce stage, je ne peux m'associer à ce qu'elle fait et propose aujourd'hui, d'ailleurs très vite nos chemins se sont séparés.
Ma voix, autorisation et plaisir de chanter
La deuxième étape dans cette découverte de ce lien à ma voix a été d'oser aller à des soirée de Bhajans également à Cassis, animés par Claude Brame. Les Bhajans sont des chants dévotionnels de l'hindouisme à l'intention de diverses divinités telles que Shiva, Krishna... C'était un moment magique, un moment de communion où chacun avait sa place. Cela me rappelle ce que je pouvais ressentir lorsque j'allais, chaque samedi soir, à la messe avec ma mère, ma grand-mère et mes frère et sœur.
J'ai pu y goûter le « prendre place dans le tout, le un ».
Je me souviens de cette fois, peut-être même la première je ne sais plus vraiment où j'étais assise en face de Claude. Il chantait accompagné de sa guitare. Et moi, de sentir la rencontre de nos voix, de nos souffles et de recevoir à nouveau un enseignement.Je chantais à nouveau comme si j'avais toujours connus ces chants. Je goûtais les mots, la mélodie, la présence... le son dans ce qu'il est de vibrations. Je me rappelle m'être sentie remplie d'une joie infinie. Cette expérience a fait écho à la toute première dont je vous ai parlée et j'ai alors compris la puissance de la voix à transporter, la puissance des fréquences qui entraînent l'état modifié de conscience.

Ma voix, outil thérapeutique
Forte de cette expérience, je me suis alors lancée, j'ai osé. J'ai proposé des soirées de méditation guidée suivie de chants de mantra qui nous amenaient finalement à du chant intuitif.
C'est dans cet espace, que j'ai rencontré Marie-Pierre. Elle, professeur de chant, compositrice et interprète, musicienne aussi, jouait de la viole de gambe, un instrument ancien du XV e siècle, de mémoire. C'est ensemble que nous avons animé des soirées Chant Intuitif puis même des stages de Tambours et Voix.
Cela m'a beaucoup appris. Pourquoi ? Eh bien, parce que cela m'a permis de constater que le cadre posé pour vivre sa voix jouait un rôle majeur.
le cadre posé pour vivre sa voix joue un rôle majeur
En effet, à ce moment là, je m'amusais beaucoup à laisser aller ma voix lors du chant intuitif, allant dans des sons parfois inimaginables et lorsque je me plaçais derrière le pupitre lors des ateliers proposés par Marie-Pierre pour chanter la chanson choisie et préparée, je sentais tout mon corps se refermer, ma gorge se nouer. Le cadre était posé et voilà comment je le vivais : le professeur interroge l'élève. C'était impressionnant et tellement désagréable de sentir mes jambes se dérober, mon assurance se liquéfier, ma respiration se couper. Avec le recul, je mesure à quel point cela m'a fait travailler sur tellement de sujets : la dévalorisation, la peur du jugement, l'incapacité et la peur de l'autorité du sachant...
Marie-Pierre a écrit ce mantra qui alimente la spirale enchantée et voyage de cœur à cœur, de présence en présence résonant en chacun comme un baume révélateur d'émotion.
J'accueille qui je suis, j'accueille le monde... je suis à ma place.

Aujourd'hui, j'utilise ma voix tout particulièrement en séance d'accompagnement ou lors des différents stages que j'organise ou au sein desquels j'interviens. Elle reste à mes yeux l'outil le plus puissant pour la libération émotionnelle ou pour induire les états modifiés de conscience.
Ma voix, outil de création
J'ai exploré d'autres espaces en lien avec la voix notamment en travaillant en studio sur plusieurs projets, certes qui n'ont pas abouti mais qui ont été porteurs et fédérateurs de joie, de découverte aussi. La porte n'est pas fermée et l'expérience me tente encore... peut-être seule qui sait. A suivre...
J'ai également pris place pendant une année dans un choeur de femmes où nous chantions des chants venus d'ailleurs. J'ai participé à un festival avec ces femmes.
Aujourd'hui dans le cadre professionnel, j'officie des cérémonies sacrées avec les Louves et vous savez quoi... derrière un pupitre avec un micro !

Ma voix, outil relationnel
La communication n'est pas une mince affaire, en tout cas pour moi. Alors que j'étais engagée ici ou là, il me fallait prendre la parole et oh combien cela me coûtait. Je ne dis pas que je n'y arrivais pas mais c'était un effort auquel je consentais mais qui me demandait un surinvestissement et je pouvais parler haut et fort, l'autre ne m'entendait pas vraiment.
Tout mon parcours sur la voix, toutes les expériences auxquelles j'ai dit oui, tous les moments où je me suis confronté à mes limites, mes peurs, mes doutes... tout cela fait qu'aujourd'hui je suis en mesure de m'exprimer de là où je suis, d'être entendue dans ce que je suis et porte.
Ma voix aujourd'hui est l'expression de qui je suis, de qui je veux être dans la relation à l'autre et au monde.
Elle est l'écho de ce que je suis prête à transmettre et de ce que j'ai reçu.

Libérer sa voix
La libération de sa voix est une étape indispensable à la libération de ce qui nous entrave encore dans nos fonctionnements.
Ce travail de libération ne s'adresse pas qu'à ceux qui n'arrivent pas à chanter, crier ou parler en public. Il s'adresse à tout un chacun, à tous ceux qui sentent que la voix est l'outil parfait, entendez complet pour éclairer le chemin que nous sommes. Elle est notre identité au même titre que notre regard.
C'est aussi elle qui nous révèle la puissance et la profondeur du silence.
Il est important de s'interroger honnêtement au sujet de sa voix. Est-elle libre ? Est-elle libre d'être cri ? chuchotement ? rire ? sanglot ? chant ? son ? grognement ? silence ?...
Suis-je libre de laisser ma voix libre ?

C'est dans la connaissance de l'importance de la place de la voix dans notre quotidien et dans notre épanouissement personnel que je propose ce rendez-vous lors des WE de l'art de la Chamanka, en décembre 2023 « Libérez votre voix ».
Je résumerais ainsi : La rencontre avec ma voix a bouleversé ma vie, mon rapport à moi-même. En m'amusant avec elle, en observant la pression que je m'imposais quand je devais l'utiliser, en acceptant que ma gorge se serre jusqu'à avoir mal pour que je prenne conscience que l'émotion était réelle... j'ai compris qu'elle était un élément fondamental dans mon épanouissement personnel et surprise ou pas... dans mon épanouissement professionnel.
Ce week-end de l'art de la Chamanka dédié à la libération de la voix va bien au-delà j'en conviens, de cette proposition. C'est aussi vous partager la joie que c'est et le calme que cela apporte de ne faire qu'un avec sa voix, l'apprécier dans ce qu'elle révèle et incarne de soi.
Comme noté sur ma story Instagram et Facebook : « Se reconnaître dans sa voix et accéder à sa voie intérieure... le silence qui ouvre à toute communication.
La voix du silence
Je terminerais cet article par ce petit paragraphe sur la voix du silence.
La voix est un ensemble de sons par la vibration des cordes vocales. Elle est aussi totalement liée à notre émotionnel et notre histoire. Elle est une empreinte de notre identité.
Je la perçois comme un facilitateur à la relation à l'autre dans la reconnaissance que nous avons dans sa présence et son expression. Elle transmet des signaux connus et analysables.
Lorsque nous possédons cet outil magique et puissant, il est légitime de l'utiliser et de s'en soucier, de le considérer.
Néanmoins pour avoir exploré et expérimenté encore et toujours le silence, je sais que la voix est aussi là pour nous permettre d'accéder à cet espace précieux et profond en nous, là où se fait réellement et sincèrement la rencontre : cet espace silencieux défini comme le vide.
C'est dans la reliance entre la voix et le silence que se révèle le vide, où vit la rencontre des possibles.
Aujourd'hui que j'ai exploré et libéré ma voix, j'arpente ce chemin que je suis dans le silence. Celui que je porte depuis bien longtemps et que j'avais oublié. Pour cela, je m'immerge dans le monde des Sourds en apprenant la LSF, Langue des Signes Française. Comme une évidence, empreinte de retrouvailles, cet apprentissage m'imprègne d'une joie immense.
Le chemin se marche, je suis le chemin... et je suis le chemin.
